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un lauréat

LAURÉAT National | 2002

Catégorie Création

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JMB

Haçad BENSALEM

Prix

Parrainé par Ministère de la Ville 

  • Projet suivi par Essonne Initiative
  • Région Ile-de-France
  • Activité | Création d'une ligne de vêtements, 'JMB', pour les passionnés de sports de glisse

LE PROJET

Haçad Bensalem, dit “Sad”, 26 ans est originaire de la grande Borne à Grigny. Il devait être embauché comme technicien, son chef lui met un balai entre les mains. Il créera finalement sa ligne de vêtements, “JMB”, pour les passionnés de sports de glisse. Et il s’accroche à son navire, tenant bon contre toutes propositions de rachats.

 

CREATEUR SUR LA VAGUE

On l’appellera H.B. Ou “Sad”, éventuellement. Il préfère garder l’anonymat par peur de voir son entreprise mise à sac. Par vengeance, par colère. Parce que les autres jeunes du quartier ne comprendraient pas pourquoi lui et pas eux. “ Ils viendraient tous me voir en me demandant un poste. Mais je ne peux pas, je n’ai pas d’argent. Mais ils n’auront que cela en tête : il s’en est sorti, et il ne nous aide pas . Après les discours que je leur ai tenus, ils ne comprendraient pas…” Alors, profil bas. Dans la lumière il ira, mais plus tard. Lui, le gosse de la cité devenu patron d’une entreprise d’une ligne de vêtements pour les accros de la glisse – surf, snowboard, skate… – mais qui rêvait de continuer à bidouiller les magnétoscopes et les chaînes hifi après son BTS électrotechnique. Jusqu’à l’incident, le premier jour chez son employeur où, embauché comme technicien, le chef d’atelier lui met un balai dans les mains. “ La cité me suivait… On vous juge sans cesse sur l’apparence, on vous demande à tout bout de champ un certificat de non-condamnation parce que vous êtes beur et que vous venez d’une cité sensible ”. Il claque la porte et part. Postule comme commercial puis bifurque comme éducateur spécialisé : trois ans à se battre contre la marginalisation des banlieusards, à tenter de trouver des formations, “autre chose que la vie dans une cité ”, jusqu’à la prise en main de son propre avenir, l’écoute de ses envies : être son propre patron.

 

UN HLM ET UN PLUMARD COMME GARANTIE

“ Mais quand tu n’as pas d’argent, ni papa ni maman derrière, tu commences à démarcher les banques… ”. En pleine turbulence du procès du Sentier, il fonce tête baissée. Mais dans le mur : “Le Sentier dans le box des accusés, c’était un prétexte : je n’avais simplement pas de garantie, pas d’apport personnel sauf les 7 622 € de la vente de ma moto. ” Pas trop amoché, il va défendre son dossier à Essonne Initiative, obtient 10 671 € et repart vers les banquiers avec, cette fois-ci, 18 294 € en poche. Mais nouvel accrochage : “Toutes m’ont claqué la porte au nez. Sauf une : la BICS ”. Celle-ci lui octroie un prêt de 15 245 €, couplé à 7 622 € de la Banque du Développement des PME. Avec pour seule garantie un… “HLM et mon plumard”, il convainc la SIAJI, une société de cautionnement, va fouiner du côté du Conseil Régional où il rencontre Paul-Henri Bénoit, chargé de trouver des aides aux entreprises, et décroche le FRE et son chèque de 3049 €. Côté couture, il fait appel à une jeune styliste en alternance et pour le reste, rien ne sort du cercle familial : le frérot en thèse de droit gère la paperasserie et les montages de dossiers avec les fournisseurs et les clients, la soeurette en BTS action commercial prend le secrétariat, la maman choisit les tissus, et lui négocie. Quant au matériel, c’est système D : les machines sont achetées aux enchères et les tables de travail récupérées dans la benne à ordures.

Sur son bureau, en guise de sous main, une immense carte de Paris et de l’Ile-de-France. Encerclées au marqueur noir, Drancy, La Défense, Belle Épine ou encore Châtelet : son plan de bataille. Et l’affaire suscite déjà les convoitises, attirant même quelques gros poissons. Mais, Sad ne veut pas lâcher les rênes de son entreprise. Majoritaire, il veut rester. Il rejette alors les propositions de participation ou de rachat à coup de millions, et dans le même temps, coupe parmi les modèles de sa collection faute d’argent. Son entreprise, c’est d’abord un défi, une revanche aussi. Au nom du père, ouvrierdans le textile dans le Nord de la France et qui suit la fermeture des usines les unes après les autres et piste le travail à Roubaix, Valenciennes et Lyon : “Mes parents se sont cassé le dos, et ils sont où ? Dans une cité. Je n’ai pas envie de me faire exploiter comme mon père. Je veux les faire sortir d’ici. ”