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un lauréat

LAURÉAT National | 2002

Catégorie Création

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TREVO

Sakina M'SA

Prix

Parrainé par Ministère de la Ville 

  • Projet suivi par Paris Initiative Entreprises
  • Région Ile-de-France
  • Activité | Styliste plasticienne
  • www.sakinamsa.com

LE PROJET

Sakina M’Sa, 29 ans, styliste plasticienne. Originaire de Marseille. Elle donne une sépulture à ses tissus, les déterre et les appose sur ses collections. Sous l’aile d’un industriel, elle crée sa société, Trévo. Et poursuit ses enterrements le coeur léger.

 

ENTERREMENT PREMIERE CLASSE

Elle troque les 75% coton et 25% viscose par “35% Health, 25% Humanity, 23% Love et 17% Glamour”. Sur la doublure, sur une autre étiquette, l’indication “Né le… ”. À chaque vêtement, la jeune styliste Sakina M’Sa attribue une date de naissance : la marque indélébile de vingt-trois années sans identité, sans papiers. Depuis, elle donne sans cesse une mémoire aux choses, à chacune de ses nouvelles collections. Une mémoire arrachée aux entrailles de la terre : “ Lorsque j’ai quitté les Comores pour Marseille, j’ai fait la promesse à ma grand-mère d’enterrer ce que j’avais de plus cher si elle venait à mourir ”. En offrande, Sakina donnera une toile à patrons. Jusqu’à ce que le chien d’une amie la déniche et lui rapporte ce morceau de tissu vieilli portant les empreintes de la terre : des ocres aux bruns percés de moisissures. La réalité s’entremêle avec le merveilleux, et l’histoire vire au conte de fée.
Quelques mois plus tard… En février de l’an 2001, lors de la remise des prix de la Fondation de France, Sakina croise le chemin de Lilianne Moreels, chasseuse de tête chargée d’unir une jeune créatrice à un investisseur étranger. Lauréate avec 6 098 € en poche, elle rencontre alors Antonio Santos De Oliveira, un industriel portugais dans le textile à la tête de plusieurs holdings. Ils s’associent et créent la société Trevo – trèfle en portugais -, au capital de 10 000 euros. Pour fêter les épousailles sous le signe de cette herbe, symbole, dit-on, du bonheur, le businessman lui offrira un show-room en plein centre de Paris et une salariée.

 

PREMIER DEFILE AVEC LA NAPPE EN TOILE CIREE

Dès lors, Sakina fait son entrée dans le monde des affaires. Loin de son premier défilé avec les copines du collège et la nappe en toile cirée de sa mère, avec les torchons et les serviettes de la cuisine. Pourtant, ses créations faites de bric et de broc bluffent déjà Maryline Bellieu Vigouroux, présidente déléguée de l’Institut Mode Méditerranée qui lui offre une bourse pour intégrer l’Institut Supérieur de la Mode (ISM) de Marseille. Dans les bains douches, sur les quais d’une ancienne usine désaffectée, dans une cabine téléphonique, l’étudiante enchaîne les défilés, libre de créer mais obsédée par son statut de femme musulmane et le besoin de plus en plus pressant de fuir.

1992, Paris, l’échappatoire. Galères avec 37 F (5,64 €) en poche, les nuits chez les amis, un – long – passage sur les ondes sur Fréquence Paris Plurielle en tant qu’animatrice, le souffle créateur en veilleuse. Jusqu’à la création de Zazar nomade, une association montée en 1996, avec laquelle elle monte un défilé au théâtre de Bagnolet.
Suivra l’Odyssée 2001 en juin dernier, où sur scène, modèles d’agences côtoient madame tout le monde, la boulangère du quartier ou la grand-mère de la maison de retraite. Parmi le public, l’acheteuse des Galeries Lafayette craque pour ses collections et lui propose de la diffuser en rejoignant le “ labo des créateurs ”. La boutique Maria Luisa la suivra elle aussi. Sakina goûte au bonheur, déjà la tête en plein hiver 2003 entre deux ensevelissements de tissus auprès de “ la mère nourricière ” sur l’île de la Réunion ou au Sénégal, à Bagnolet ou au Portugal. Et elle rêve. D’un enterrement et d’une prochaine sépulture au Mexique, en terre Mayas.

 

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